En partenariat avec projet Daam : Table ronde autour des valeurs des jeunes


En date du 24 Mars 2022, le Centre Menassat pour les Recherches et les Etudes Sociales a organisé en partenariat avec le Projet Britannique DAAM, une table ronde autour de l’ouvrage du sociologue Aziz Mechouat : « Les Valeurs des Jeunes Casablancais, Approche Sociologique ». C’est dans le cadre du quatorzième Café-Recherche initié par DAAM que s’est inscrite cette activité qui a eu lieu à la Fondation Tahar Sebti à Casablanca, portant comme intitulé :« Les Jeunes et les Valeurs, Quelles Configurations Différenciées ? ».

La table ronde a été modérée par la professeure-enseignante à la FLSH Ibnou Tofail à Kenitra Ahlam Qafas. Elle a connu la présence effective du chargé du programme DAAM Mustapha El Mnassfi, de la Directrice de la Fondation Tahar Sebti Souad Ettaoussi.  Plusieurs personnalités ont également pris part à cet évènement,   issues de la sphère sociale, académique et médiatique, en plus de quelques membres de Menassat.

Dans une première partie de son intervention, Aziz Mechouat a présenté l’ouvrage en question en expliquant les raisons du choix du sujet des « Valeurs des Jeunes Casablancais ».

A ce titre, il explique que c’est dans une vision compréhensive qu’il a voulu connaître les attitudes des jeunes. Tout en se basant sur une enquête de terrain qui a compris un échantillon de 1233 jeunes scolarisés (15-24 ans) habitant le milieu urbain casablancais, en partant d’une question principale : « Quelle est la chose la plus importante pour vous dans la vie? ».

Les résultats ont débouché sur plusieurs valeurs que Mechouat a catégorisées comme suit : Des valeurs d’ordre collectif, des valeurs d’ordre personnel, des valeurs qui se ressourcent du passé, «l’éternel passé », et des valeurs liées au présent.

Mechouat a aussi expliqué que le choix de Casablanca pour enquêter sur les valeurs n’est pas aléatoire, mais il puise ses raisons dans le fait que la ville est tout d’abord une métropole, mais aussi un carrefour qui rassemble plusieurs « cultures » à la fois. Dans ce sens Casablanca a ses propres particularités métropolitaines, elle impose ses propres valeurs comme celles de : l’anonymat et l’étrangeté.

Il est vrai souligne Aziz Mechouat que les jeunes casablancais se définissent en tant que modernes, cependant la religion a une forte présence dans toutes les considérations et les valeurs incorporées. La religion traverse toutes les institutions, et c’est dans la famille tout d’abord que le jeune télécharge ses datas religieuses. Cependant estime Mechouat, les jeunes peuvent mobiliser l’arsenal religieux lorsque cela convient à leur juste-milieu, mais dans certains cas, ils peuvent repousser les croyances religieuses parce qu’elles deviennent coûteuses à leur sens.

Ces antagonismes trouvent leur explication selon Aziz Mechouat dans la socialisation des jeunes. Ces derniers se retrouvent généralement tiraillés entre deux registres de valeurs imposés par la société, par le système scolaire et par les institutions :

-          Les anciens moyens de socialisation

-          Les nouveaux moyens modernes (les réseaux sociaux).

Dans pareille situation, on se retrouve devant une pluralité de jeunes. La première catégorie intègre les règles imposées par les institutions. Elle intériorise ces règles avec tout ce qu’elles véhiculent.  Elle intègre les inégalités sociales, tout en sachant que les institutions sont des catalyseurs de reproduction. Il s’agit d’un acteur passif qui s’imprègne et s’intègre dans un système déterminé.

La deuxième catégorie comprend le jeune qui refuse d’être un prototype, il refuse le système de manière partielle et parfois totale. Il cherchera dans ce sens un nouveau groupe de référence, dans lequel il se définira positivement. La deuxième catégorie Cet acteur cherchera le juste milieu des valeurs. C’est un acteur négociateur. Mechaout explique que parfois les valeurs ont un coût social difficile à supporter, dans ce sens, le jeune va opter pour les négociations afin de payer le moindre coût.

Pour résumer sa vision, Aziz Mechouat emprunte le registre informatique pour expliquer que les jeunes entrent dans un processus « d’installation, de désinstallation et de réinstallation des valeurs ». Dans un sens les jeunes casablancais, lorsqu’ils n’arrivent pas à trancher sur leur choix des valeurs, ils essayent de se positionner dans un juste milieu. Autrement dit les jeunes casablancais sont plusieurs catégories à la fois : Ce sont des individualistes orientés vers l’avenir, des individualistes orientés vers le passé, ils sont modernistes mais traversés par des valeurs religieuses « négociées ».

Pour rappel, la table ronde entre dans le cadre du quatorzième café-recherche, programme initié par le Projet britannique DAAM. L’intervention de Aziz Mechouat a suscité l’intérêt de l’audience qui ont loué cette initiative de recherche, en estimant qu’effectivement le besoin s’accentue de plus en plus pour des recherches qui nous font comprendre la réalité sociale qui nous entoure.