La libération est la clé de l'humanisation : Mohammed Tamaldou aborde la relation entre l'individu et la société


« Un être ne peut  reléguer au rang de « personne » que s'il commence à ressentir le besoin de libération ». C'est sur ces mots que MOHAMMED TAMALDOU, penseur et intellectuel marocain a entamé son intervention à l’issue de la rencontre autour de l’Individu, la Société, et la Loi : Quel Equilibre entre les Droits et les Devoirs » organisée par le Centre Menassat le 09 Novembre courant.


L’activité a été modérée par l’acteur associatif et membre de TIZI Initiative AIMANE CHERRAGUI, et a été marquée par la présence effective du directeur de Menassat AZIZ MECHOUAT, de plusieurs académiciens, chercheurs et acteurs associatifs.


A l’issue de la rencontre,  MOHAMED TAMALDOU a mis l’accent sur le concept d'individu, en s'appuyant sur le contexte historique et social du Maroc, dans lequel ce concept  était lié à la notion de « Zoufri ». Ce dernier avait une moindre valeur, surtout qu'il venait des banlieues et des villages éloignés, pour travailler dans les usines, or que le paysan avait une place plus valorisée dans la société marocaine.


 TAMALDOU a aussi abordé le concept de l’individu sous l’angle de la « théorie de la personnalité » qui distingue entre l'être qui n’entame son existence effective dans la société que lorsqu’il exprime le besoin d'apparaître, qui lui impose un travail sur soi et lui incombe un rôle dans la société, pour le transposer au rang d’être humain « personne ». 


En partant de ce constat, et selon TAMALDOU, la valeur de l’individu se cristallise  dans sa capacité à former une société saine, productive et développée.  Aussi, est-il judicieux de dire que reléguer au rang d’être humain est conditionné par la notion de «  libération » et le sentiment d’humanisation en tant que catalyseur  de la liberté.


Par ailleurs, et en analysant la relation entre l’individu et la société, TAMALDOU se réfère à la théorie de l’urbanisation« AL OMRANE » du philosophe Ibn Khaldoun. Il estime qu’en tant que mouvement socio-économique et psychologique évoluant dans un processus continu, l’urbanisation englobe l'homme et le champ dans lequel il  évolue, en faisant mention à la loi qui le cadre.


Et en parlant de l’évolution de l'individu au sein de la société, TAMALDOU aborde la question de la propriété sociale, dans laquelle la volonté humaine va de pair avec la loi et le pouvoir judiciaire. A cette issue, il énumère trois types de propriété sociale, notamment une propriété souple et transparente qui serait la plus adéquate pour la coexistence, et dans laquelle l’individu évolue dans des interactions sans affecter les droits des uns et des autres. En revanche, il y a une propriété  qui se caractérise par la violence, et une dernière qui est soumise à la pression d’un pouvoir par le haut.


Dans un autre volet, MOHAMED TAMALDOU a évoqué les transformations majeures opérés au niveau de la famille au Maroc, et qui sont généralement liées à la question de l'autonomisation des femmes. Dans ce sens, il explique que l'indépendance des femmes a  largement contribué aux changements  de la composante familiale. Car d’une famille étendue, la nouvelle configuration ne dépasse guère un ou deux individus par foyer. En conséquence, ces transformations dans la configuration familiale ont eu un impact direct sur  la zone rurale, où l'agriculture au sein des villages,  dépendait principalement de l'abondance des enfants, ce qui a contribué à au désertement des populations villageoises et un fort exode vers les zones urbaines.

 Au terme de cette rencontre, TAMALDOU a fait don d'une collection de livres rares pour la bibliothèque de Menassat, dans une initiative visant à soutenir les chercheurs et à enrichir les connaissances dans plusieurs disciplines. Cette collection comprend des ouvrages sociologiques, historiques et politiques, qui seront bientôt mis à la disposition des chercheurs qui souhaitent en bénéficier. Ce don sera une valeur ajoutée pour la bibliothèque de Menassat et un enrichissement pour les savoirs académiques et scientifiques.


Pour rappel, cette activité entre dans le cadre des efforts consentis de Menassat afin de valoriser toutes les formes de savoir dans les sciences sociales et humaines mais aussi soutenir les acteurs qui produisent ce savoir. C’est dans cette continuité que Menassat s’oriente vers la génération des pionniers qui ont marqué la scène intellectuelle ou scientifique par leur production et publications. L’objectif est d’en faire bénéficier les jeunes chercheurs,  de bâtir des passerelles générationnelles entre les uns et les autres, mais aussi de véhiculer plusieurs valeurs, notamment, celle de la reconnaissance envers les générations des pionniers.