Menassat et Atlas ouvrent de nouveaux horizons de partenariats scientifiques.


 Afin de renforcer la dynamique de la recherche scientifique académique, par le biais notamment, de la consolidation des liens et des ponts entre les institutions de recherche et la société civile à travers le Maroc, Menassat a organisé en partenariat avec le Centre Atlas la 4ème édition des rencontres interactives. L’activité qui a eu lieu à Béni Mellal le 14 novembre courant s’inscrit sous l’égide du « Forum scientifique de la société civile : identité, organisation et perspectives ».

Les deux institutions parient sur un double objectif, notamment, le soutien et le développement de la recherche en sciences sociales au Maroc et sur la promotion de l’échange d’expériences avec des centres de recherche en sciences sociales sous une optique participative.

A cet égard, ce forum a connu la présence effective du directeur de Menassat Aziz Mechouat, de Abdelhadi El Halhouli, directeur du Centre Atlas pour les recherches et les études sociales, outre M. Houssi Azaro, Secrétaire Général de la Fondation Rouh-Ajdir de l'Atlas à Khénifra. La rencontre a également connu la participation de Fatima Ika, chargée des projets au sein de  Menassat et a été modérée par Fatima Zahra Akkif, directrice de projets au même centre. Plusieurs acteurs de la société civile  de la région de Beni Mellal-Khénifra ont également pris part à cette édition du Forum.


Aziz Mechouat : Développer des partenariats efficaces pour surmonter les obstacles.

Aziz Mechouat a fait un tour d’horizon autour des différentes missions et objectifs du centre Menassat, qui œuvre  hors des enceintes universitaires, tout en soulignant l'importance d’avoir un statut indépendant du cadre institutionnel pour la création d'autres formes de travail scientifique.  Mechouat a également mis l’accent sur la valeur croissante des rôles complémentaires entre les centres de recherche et la société civile, dans le sens ou la  combinaison entre ces deux composantes constitue une force motrice pour le développement de la recherche scientifique.


Dans le même contexte, il a révélé que les centres de recherche sont circonscrits dans des facteurs de risques  sur les plans (économique, réglementaire, législatif, politique...), ce qui réduit leur efficacité, au même moment, ou ces centres de recherche ont un potentiel pour élargir les perspectives. Ces facteurs de risque sont dus au fait que la recherche scientifique au Maroc est encore embryonnaire, à cela s'ajoute l'absence d'une loi réglementaire reconnaissant ces centres comme structures scientifiques de recherche. Ces défis constituent une entrave à la durabilité et à la pérennité de ces structures, mais le plus grand obstacle demeure la question du financement, puisque c'est l'élément qui garantit la notoriété juridique de ces centres en tant qu'institutions qui propulsent le processus de développement.

El Halhouli : Elargir le cercle de partage d'expériences entre les centres de recherche et la société civile pour promouvoir le développement local.


Abdelhadi El Halhouli a révélé que l'objectif de la création du centre Atlas découle de la volonté explicite de créer un centre de recherche qui serait une plate-forme pour le travail et la réflexion, un espace incubateur qui prenne en charge les spécificités locales de la région. Pour El Halhouli, l'objectif principal, , est  de créer une médiation pour transférer des connaissances brutes scientifiques qui garantissent une légitimité auprès du décideur, surtout à la lumière des différences des enjeux, de positions et de représentations, tout en tenant compte des spécificités locales, et appeler par cela à la cristallisation de la recherche scientifique dans les programmes de développement de la région.


L'intervenant a également insisté sur la nécessité de s'ouvrir sur les associations de la société civile, soulignant que le point d'intersection entre les deux est la tendance vers le changement. A ce titre,  la création d'un partenariat avec la société civile est devenue un enjeu crucial, estime El Halhouli, dans le but de bénéficier de son expertise et de son expérience, notamment au niveau de la gestion des financements. 

Au passage, El Halhouli a salué l’initiative de Menassat qui pose les premiers jalons de partage et d’échange d’expériences, tout en identifiant les points et éléments fondamentaux sur lesquels ces échanges doivent s'appuyer.


Houssi Azaro : Les centres de recherche au Maroc ont besoin d'une approche culturelle et scientifique intégrant le patrimoine et l'innovation pour parvenir au développement.


A l’issue de la même rencontre, Houssi Azaro a présenté la Fondation Rouh Ajdir, en soulignant que l'objectif de sa création est essentiellement lié à la volonté de former une expérience institutionnelle pionnière dans la région de Khénifra. Ce qui distingue cette dernière, selon Azaro,  c’est la combinaison entre le travail scientifique et culturel, ou autrement dit, la production rationnelle de la culture, en passant par la culture comme identité vers une culture scientifique qui aille de pair avec les ambitions du développement local.


Azaro a mis en avant la valeur de la culture, déclarant que c’est en elle que s’incarne l'approche fondamentale qui guide le développement territorial, et c'est l’essence même de la Fondation Rouh Ajdeer. C’est dans ce sens qu’il a appelé à la création des centres de recherche à portée cognitive, scientifique et civile pour assurer l'impact au niveau du développement local, territorial et national.


Fatima Ika : Le programme JIL est un catalyseur pour le développement d’une nouvelle génération de jeunes chercheurs.


Fatima Ika a présenté l'expérience du Programme JIL, qui est l'un des projets phares à Menassat, et qui l’a initié depuis trois ans déjà.  Selon l’intervenante, l'objectif premier de ce programme est  le renforcement des capacités d'une génération de jeunes chercheurs marocains à travers des formations hybrides comprenant présentiel et virtuel, tout en se basant sur la double approche, pratique et théorique. 

Ika a indiqué que l’objectif ultime de ce programme, en plus de maîtriser les mécanismes de la démarche scientifique dans la recherche sur le terrain, est surtout de maîtriser les techniques du plaidoyer afin de pouvoir rédiger les Policy Papers. Les thématiques de ces billets sont directement  puisées de la recherche scientifique sur le terrain, et sont orientés vers les acteurs institutionnels, avec lesquels, les jeunes chercheurs doivent développer des ponts de dialogue et de communication.


Ce programme, estime Ika, reflète concrètement l’image et la vision de Menassat, qui aspire à valoriser la recherche scientifique en formant une génération singulière de chercheurs sociologues qui, au-delà de décrire la réalité, contribuent de manière efficiente au développement de la société marocaine.


La matinée du Forum s’est clôturée par la participation d'un groupe d'activistes civiques de Beni Mellal, qui ont présenté leurs expériences de travail sur le terrain et leurs activités qui tournent autour de nombreux volets et secteurs concernant la région Beni Mellal-Khénifra. Les missions de ces associations sont orientées vers la recherche action autour des jeunes, des femmes, l’innovation sociale, et le développement social et solidaire, une variété d’orientation qui a contribué à poser les premiers jalons de collaboration bilatérales et partenariats durables entre les centres de recherche et les institutions de la société civile.

Pour rappel, cette rencontre intitulé « Les Centres de recherche au Maroc, Identité, Organisation et Perspectives » s’inscrit dans le cadre de la 4ème édition des rencontres interactives du Forum de la société civile et scientifique, initié par Menassat et qui a pris comme point de départ la ville de Mohammedia, en passant par Casablanca, Tétouan et Béni Mellal. L’objectif de ces rencontres est de s’arrêter sur l’état des lieux de ces centres de recherche, de pointer les points vulnérables qui freinent leur avancement afin de les conjurer,  et les points forts pour les consolider. Il s’agit aussi de faire le point sur les défis auxquels sont confrontés les centres de recherche et de mettre en lumière les différentes perspectives qui contribueront au développement de ces différentes structures, mais aussi aux mécanismes qu’il faudrait  mobiliser pour atteindre ces objectifs.