
Le 21 juin 2025, la ville de
Casablanca a accueilli une rencontre interactive, consacrée à la présentation
du rapport de recherche: « La société civile scientifique : Ce que
disent les acteurs et directeurs de centres de recherche marocains ».
Cette initiative, pilotée par la Centre Menassat pour les recherches et les
études sociales, s’inscrit dans une dynamique de réflexion collective sur le
rôle et les mutations des centres de recherche œuvrant hors les enceintes
universitaires au Maroc. L’événement a été l’occasion de restituer les
résultats d’une recherche empirique et analytique, qui s’est étalée sur deux
années consécutives impliquant un ensemble d’acteurs et de responsables et
d’académiciens du champ scientifique.
Le rapport alliant observation de
terrain et analyse réflexive, capitalise sur des rencontres interactives
organisées par le Centre Menassat à l’échelle régionale, des entretiens approfondis
avec les acteurs des Think Tank marocains, et des articles scientifiques
réalisés par des experts dans le domaine. Cette production scientifique
représente une contribution significative pour l’analyse des dynamiques
institutionnelles, politiques et sociales qui structurent les processus de production
cognitive au sein de la société civile marocaine.
L’événement a été marqué par la
présence effective d’une panoplie de chercheurs universitaires, directeurs et responsables
de centre de recherche, notamment, AZIZ MECHOUAT, directeur du centre Menassat pour les recherches et
les études sociales, ABDELHADI EL
HALHOULI, président du Centre Atlas pour la recherche et les
études sociales, SAADEDDINE
IGAMANE membre fondateur de l’Institut pluridisciplinaire des
sciences sociale, ainsi que IKRAM ADNANI, membre
principale au Centre Menassat. Ont également pris part à cette activité ABDELAALI MASTOUR, coordinateur
des Programmes du Forum de la Citoyenneté à Casablanca, HOUSSA AZAROU secrétaire
général de l’Association Rouh Ajdir Al-Atlas à Khénifra. Les deux
panels, ont été respectivement modérés par AALI
OUTCHARRAFT, professeur et lauréat du programme
JIL, et FATIMA IKA, chargée de projets à Menassat.
Par la diversité de leurs regards,
les intervenants ont nourri les échanges autour du rapport, en apportant des
pistes de réflexion sur les leviers à mobiliser pour renforcer les institutions
de recherche, tant dans leur capacité à produire des savoirs scientifiques et
savants que dans leur contribution à renforcer leur rôle dans la production des
savoirs scientifiques et l’élaboration des politiques publiques.
En l’occurrence et à l’issue du
premier panel AZIZ MECHOUAT a
présenté une synthèse du rapport en question, soulignant notamment l’absence de
coordination entre les centres de recherche marocains malgré la convergence de leurs finalités
institutionnelles et l’alignement de leurs missions et orientations générales.
Il a plaidé pour la création d’un comité national chargé de la mutualisation
des efforts et de la coordination stratégique entre les centres de recherche,
ainsi que la création d’un cadre national de concertation visant à structurer
les synergies interinstitutionnelles. Il a également appelé à partager les
expertises et élaborer des plaidoyers communs, tout en insistant sur la nécessité
d’une indépendance du processus de décision scientifique.
Pour sa part, le professeur SAADEDDINE IGAMANE a abordé les difficultés
du travail de terrain, qui se cristallisent dans le manque de données et de
ressources. Il a mis l’accent sur l’importance de relier l’université à la
société, s’appuyant sur des expériences internationales illustrant l’efficacité
de cette approche dans la production de savoirs ancrés dans la réalité sociale.
ABDELHADI EL HALHOULI quant à lui, a appelé à renforcer le rôle des centres
de recherche dans le développement territorial, en impliquant les acteurs
locaux dans l’élaboration des politiques publiques, et en liant le savoir
théorique à la pratique quotidienne.
Dans le même sillon, IKRAM ADNANI a constaté une
nette croissance du nombre de centres de recherche au Maroc, tout en soulignant
qu’en dépôt de cela, leur efficacité reste limitée du fait de l’absence de
cadre juridique et de la domination des financements étrangers. Elle a
recommandé la création d’un fonds national pour soutenir la recherche
scientifique, former les jeunes compétences et garantir l’indépendance de ces
institutions.
Dans le cadre du deuxième panel
autour des réseautages rationnels de la société civile, HOUSSA AZAROU a loué
l’initiative de Menassat en termes de régionalisation tout en rappelant que la
connaissance n’est jamais neutre, mais constitue un outil de transformation
sociale. Cela suppose un espace libre et sécurisé qui favorise la pensée
critique et respecte l’éthique de la recherche.
Enfin, ABDELAALI MASTOUR a souligné que
la production de savoir ne se limite pas à l’université, mais concerne aussi la
société civile. Il a plaidé pour la reconnaissance des associations comme
productrices de savoirs sociaux, et pour le renforcement de la recherche de
terrain et des partenariats entre acteurs.
Les participants à l’unanimité, ont
conclu que pour bâtir une société civile scientifique efficace, les centres de
recherche indépendants représentent un levier fondamental de développement, et
que leur reconnaissance juridique et leur soutien financier sont des conditions
sine qua non pour renforcer leur rôle dans la production d’un savoir rigoureux,
indépendant, qui va de pair avec les enjeux des politiques publiques.
Avant de clôturer les sessions de
cette rencontre, les différentes interventions ont convergé vers un ensemble de
recommandations stratégiques, parmi lesquelles :
- Instaurer un cadre juridique pour les centres de
recherche indépendants ;
- Créer un comité national de coordination entre
ces centres ;
- Mettre en place un fonds dédié au soutien de la
recherche scientifique civile ;
- Former et encadrer méthodologiquement les jeunes
chercheurs ;
- Renforcer les liens entre centres de recherche et
associations en tant que sources de savoir ;
- Encourager la recherche de terrain et la
connecter aux mutations sociales.
Pour rappel, la recherche empirique autour des centres et Think Tank marocains a été initiée par le centre Menassat depuis 2023. Tout en s’arrêtant sur leur état des lieux, leur défis et perspectives, mais aussi sur les recommandations, Menassat a mené une série de rencontres interactives, et des entretiens, avec les experts, les académiciens et les acteurs civils qui ont partagé leur expérience dans le domaine des centres de recherche. Le rapport est donc le fruit d’un effort collectif et convergent qui s’est également appuyé sur des articles scientifiques d’experts et responsables de centres de recherche. Ces apports croisés offrent une lecture multidimensionnelle de l’état des lieux des structures existantes et dégagent des pistes de réflexion pour leur consolidation et leur développement futur.